sociétés et cultures musulmanes
Rashid Rida
Question d'Orient et question sioniste
(1917)
(1917)
Yusuf Abdelke
Rashid Rida (1865-1935), l'un des principaux noms du réformisme islamique, fondateur de la revue al-Manar, dédie ce texte à l'entreprise sioniste et aux rapports que doivent s'établir entre les Arabes et celle-ci. Conditions a publié précédemment d'autres textes de Rashid Rida, ainsi qu'une présentation plus substantielle de son œuvre.
La fortune du grand Cherif Pacha en Égypte ne s'est estompée qu'après avoir donné lieu a des aspirations qui n'existaient pas auparavant et en permettant ainsi à d'autres fortunes de prendre leur essor. Sa grande fortune est passée de ceux qui n'ont pas su la préserver ni la développer, aux mains de ceux qui en étaient capables. De même, les nations se dispersent pour former de multiples pays, tandis que d'autres pays progressent et s'agrandissent - c'est la loi de Dieu dans le développement des espèces - des êtres vivants tels que les microbes et les nuisibles aux groupements humains, qui sont les formes les plus élevées de vie.
Parmi les étrangetés de la variété actuelle des aspirations humaines, il est étonnant de voir un petit écrivain au service d'un riche magnat désirant hériter de sa richesse ou en créer une semblable pour lui-même, tandis que le riche désespère de préserver sa fortune et est étonné de se souvenir que les royaumes de Bulgarie, de Grèce, de Serbie, du Monténégro et d'Albanie étaient autrefois des provinces de l'Empire ottoman en Europe, ainsi que de constater que les grandes puissances dévorent les possessions de celui-ci en Afrique et ouvrent grand la bouche pour engloutir ses terres en Asie.
Encore plus étonnant est l'initiative d'un groupe de Juifs d'Europe pour former un nouvel État en Terre Sainte à partir des provinces perdues de l'Empire ottoman, composé d'émigrants juifs pauvres et opprimés dans toutes les parties du monde, grâce à l'aide de ce même groupe de Juifs d'Europe ? Comment parvient l'initiative de ce groupe constitué par un homme seul à établir un un État d'émigrants pauvres dans un pays que se disputent les plus grandes nations et les plus grandes puissances ? Ce pays, ses propres habitants ne sont pas capables de le préserver pour eux-mêmes, délaissant l'aspiration la plus noble, celle de fonder un nouveau royaume dans un avenir proche ou lointain. C'est ainsi que les gens meurent et vivent, qu'ils tombent et se relèvent, et les raisons en sont évidentes et ne nécessitent pas d'explication ici, elles proviennent toutes du savoir ou de l'ignorance, de l'élévation ou de l'abaissement des intentions existentielles, et de la grandeur ou de la petitesse des objectifs.
Les sionistes ont compris que les grandes puissances ne permettraient à aucune d'entre elles de posséder la scène de la Révélation et la source de la religion de Moïse et de Jésus, et que si la souveraineté turque disparaissait de la Palestine, celle-ci devrait désormais être indépendante et sous la protection de toutes les nations (c'est également l'opinion de certains concernant le Hedjaz). Ils ont donc espéré satisfaire les puissances en résolvant les conflits qui les opposent, ainsi que ceux qui déchirent entre elles les obédiences chrétiennes, en permettant aux Juifs d'être les maîtres de ce royaume. Ils ont également espéré gagner à leur cause le Comité Union et Progrès. Il semblerait que celui-ci ait accepté de leur venir en aide, en bloquant la route aux Arabes et en augmentant le nombre de leurs adversaires [les émigrants juifs] dans le pays. Il n'y a pas lieu de discuter ici de la vérité de cette affirmation, nous avons simplement fait cette introduction pour rappeler à ceux qui abondent dans les discussions sur la question sioniste parmi les écrivains arabes qu'ils continuent à tourner autour d'elle sans jamais la pénétrer de plain-pied.
Les dirigeants arabes des pays doivent choisir entre deux choses : soit conclure un accord avec les dirigeants sionistes pour concilier les intérêts des deux parties dans le pays, si possible - ce qui est possible à court terme s'ils y entrent par la bonne porte et le demandent avec raison -, soit rassembler toutes leurs forces pour résister aux sionistes par tous les moyens politiques, en commençant par l'établissement d'associations et de sociétés, et en finissant par la formation de bandes armées qui les combattraient par la force - certains ont parlé de cela comme devant être la première chose à faire, mais c'est le dernier des remèdes.
Parmi les étrangetés de la variété actuelle des aspirations humaines, il est étonnant de voir un petit écrivain au service d'un riche magnat désirant hériter de sa richesse ou en créer une semblable pour lui-même, tandis que le riche désespère de préserver sa fortune et est étonné de se souvenir que les royaumes de Bulgarie, de Grèce, de Serbie, du Monténégro et d'Albanie étaient autrefois des provinces de l'Empire ottoman en Europe, ainsi que de constater que les grandes puissances dévorent les possessions de celui-ci en Afrique et ouvrent grand la bouche pour engloutir ses terres en Asie.
Encore plus étonnant est l'initiative d'un groupe de Juifs d'Europe pour former un nouvel État en Terre Sainte à partir des provinces perdues de l'Empire ottoman, composé d'émigrants juifs pauvres et opprimés dans toutes les parties du monde, grâce à l'aide de ce même groupe de Juifs d'Europe ? Comment parvient l'initiative de ce groupe constitué par un homme seul à établir un un État d'émigrants pauvres dans un pays que se disputent les plus grandes nations et les plus grandes puissances ? Ce pays, ses propres habitants ne sont pas capables de le préserver pour eux-mêmes, délaissant l'aspiration la plus noble, celle de fonder un nouveau royaume dans un avenir proche ou lointain. C'est ainsi que les gens meurent et vivent, qu'ils tombent et se relèvent, et les raisons en sont évidentes et ne nécessitent pas d'explication ici, elles proviennent toutes du savoir ou de l'ignorance, de l'élévation ou de l'abaissement des intentions existentielles, et de la grandeur ou de la petitesse des objectifs.
Les sionistes ont compris que les grandes puissances ne permettraient à aucune d'entre elles de posséder la scène de la Révélation et la source de la religion de Moïse et de Jésus, et que si la souveraineté turque disparaissait de la Palestine, celle-ci devrait désormais être indépendante et sous la protection de toutes les nations (c'est également l'opinion de certains concernant le Hedjaz). Ils ont donc espéré satisfaire les puissances en résolvant les conflits qui les opposent, ainsi que ceux qui déchirent entre elles les obédiences chrétiennes, en permettant aux Juifs d'être les maîtres de ce royaume. Ils ont également espéré gagner à leur cause le Comité Union et Progrès. Il semblerait que celui-ci ait accepté de leur venir en aide, en bloquant la route aux Arabes et en augmentant le nombre de leurs adversaires [les émigrants juifs] dans le pays. Il n'y a pas lieu de discuter ici de la vérité de cette affirmation, nous avons simplement fait cette introduction pour rappeler à ceux qui abondent dans les discussions sur la question sioniste parmi les écrivains arabes qu'ils continuent à tourner autour d'elle sans jamais la pénétrer de plain-pied.
Les dirigeants arabes des pays doivent choisir entre deux choses : soit conclure un accord avec les dirigeants sionistes pour concilier les intérêts des deux parties dans le pays, si possible - ce qui est possible à court terme s'ils y entrent par la bonne porte et le demandent avec raison -, soit rassembler toutes leurs forces pour résister aux sionistes par tous les moyens politiques, en commençant par l'établissement d'associations et de sociétés, et en finissant par la formation de bandes armées qui les combattraient par la force - certains ont parlé de cela comme devant être la première chose à faire, mais c'est le dernier des remèdes.
