Faire disparaître l'ennemie musulmane

Hanane Karimi

À la suite de la sortie de l'ouvrage de Hanane Karimi, Les femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes ? (Hors d'atteinte, Marseille, 2023), nous publions son second chapitre (pp. 71-83) avec l'aimable autorisation de l'autrice .


Les différentes affaires politiques qui s’étendent depuis celle des foulards de Creil en 1989 au vote d’une loi au Sénat en 2022 interdisant « le port de signes ou tenues par lesquels les personnes détentrices d’une licence manifestent ostensiblement une appartenance religieuse lors des compétitions sportives[1] », en passant par la loi du 15 mars 2004[2] qui interdit le port de signes et de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les établissements scolaires publics et les arrêtés municipaux anti-burkini de l’été 2016, ont rendu hypervisibles les femmes musulmanes « voilées ». En cause, l’implicite de leur observance religieuse : elles seraient porteuses d’une vision inégalitaire et détestable entre hommes et femmes. Qu’elles soient chanteuses comme Diam’s ou Mennel, candidate de l’émission « The Voice », qu’elles soient athlètes ou candidates aux élections régionales comme Ilham Moussaïd en 2010[3], ou encore syndicalistes comme Maryam Pougetoux, leur individualité est réduite à leur apparence et à leur condition de « femmes voilées » justifiant leur exclusion. Lors de l’affaire des foulards de Creil, c’est d’abord l’âge des jeunes filles concernées qui a été invoqué, mais il a rapidement été considéré que le voile devait aussi être proscrit aux femmes majeures. C’est alors la laïcité qui a permis toutes les justifications et aberrations, après avoir été redéfinie à travers une extension de son application. Le principe qui régit d’abord et avant tout la neutralité de l’État (tel que défini par la loi de séparation entre l’Église et l’État en 1905) a été progressivement converti en une nouvelle laïcité afin d’exiger une « neutralité » religieuse des individus – mais surtout des musulmanes et musulmans « ostentatoires » – dans des espaces de plus en plus étendus[4]. La nouvelle laïcité est alors devenue l’instrument qui justifie la disciplinarisation des musulmanes voilées. Ce principe garantissant aux citoyens la liberté de manifester leurs croyances religieuses est désormais érigé en frontière entre deux catégories de citoyennes et citoyens – les légitimes, qui jouissent du droit commun, et les illégitimes, qui sont renvoyés à un droit spécifique – en dépit d’une République une et indivisible.

L’un des premiers effets de la politisation de la visibilité des femmes musulmanes a été de déplacer le registre dans lequel s’inscrit ce vêtement ou cet accessoire signifiant : dépassant le domaine religieux, il a pris une dimension politique et sociale. Les femmes musulmanes « voilées » ont dès lors constitué des sujets politiques – même si d’aucuns diront que le voile est implicitement politique. Dans une continuité hypocrite avec les discours d’extrême droite, banalisés dans un pays où ils se renforcent d’élection en élection, un argument couramment mobilisé consiste à associer le voile au communautarisme, contre-modèle par excellence de l’idéal républicain. La femme voilée manifesterait ainsi par sa visibilité religieuse un refus de « vivre ensemble » en se marginalisant de son propre chef. La manière dont Sofia, une étudiante de 24 ans, déconstruit cet argument est claire, nette et précise :

« Je pense que le foulard est marginalisé par les autres, pas par les femmes voilées. En tout cas, je ne connais pas personnellement de femme voilée qui se dise : « Bon, bah tiens ! Je vais m’automarginaliser en portant le foulard. » Ce n’est pas le but. Je ne vais pas dire que c’est toujours une conviction religieuse, ça peut être un simple mimétisme social ou une question culturelle, voire un petit effet de mode. Il y a mille raisons de porter le foulard. Ce n’est pas la question en fait, la question c’est : « Est-ce qu’elles ont envie de s’exclure, de s’autoexclure ?» Peut-être qu’il y a une part identitaire chez certaines femmes qui le portent, mais je ne pense pas du tout qu’on puisse parler de majorité. Et je ne pense pas qu’il y ait une personne sur terre qui éprouve du plaisir à s’automarginaliser. Je pense que le terme « marginalisation » lui-même fait référence à l’autre, à la perception que l’autre a de nous. Je pense que la marginalisation vient du regard de l’autre. »
Scream, Safia Latif
Disons les choses clairement : les femmes et hommes politiques – et les féministes – qui luttent contre le voile combattent avant tout des femmes. Les féministes anti-voile, donc anti-femmes musulmanes, sont les complices d’un ordre hégémonique qui fracture le genre et la division communément admise entre un genre masculin et un genre féminin. À travers l’invisibilisation des femmes voilées dans l’espace public, qui heurtent leur sensibilité esthétique islamophobe, ils et elles prônent une privatisation du religieux. Et si elles pouvaient se limiter à leur foyer – elles n’ont qu’à le porter chez elles ! –, ce serait encore mieux. J’utilise ici la notion d’invisibilisation comme un processus d’effacement des différences ou d’homogénéisation des esthétiques imposés par la culture dominante. C’est ce que Sam Bourcier décrit quand il dit : « De minorités, ils devront disparaître dans la majorité ; de visibles, on rêve de les rendre invisibles[5]. » Parce qu’il matérialise des particularités culturelles et religieuses considérées comme radicales d’une immigration et d’une ascendance migratoire qu’on aurait souhaité assimilée – sous-entendu débarrassée de ses caractéristiques culturelles, puisque l’assimilation a pour but « une éradication pure et simple de la différence[6] » –, le voile dérange.

L’agression de Hanane Charrihi lors d’un deuil et d’un recueillement public qui ont suivi l’attentat islamiste qui a coûté la vie à 86 personnes sur la promenade des Anglais, à Nice, le 14 juillet 2016, en est notamment l’une des expressions. Cette jeune femme musulmane qui porte un foulard, dont la mère a été la première victime percutée de plein fouet par le poids-lourd à l’origine de l’attentat, parle dans un livre titré Ma mère patrie[7] de la violence des attaques qu’elle a subies, mais aussi de sa mère, immigrée marocaine analphabète qui a tout fait pour intégrer sa famille en France. Elle explique qu’elle porte deux attachements, de patriote et de musulmane, de citoyenne et de croyante, et qu’elle ne veut pas avoir à choisir – bien que d’autres le fassent à sa place.

Le 30 mars 2016, Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, est interviewée par Jean-Jacques Bourdin sur RMC. Interrogée sur la modest fashion proposée par plusieurs grandes marques, elle explique que le vêtement est corrélé à une façon de vivre et que le raccourcissement des jupes dans les années 1960 était lié aux avancées féministes de l’époque. Elle dit : « Entre la tenue des femmes et leurs droits, il y a un lien. L’enjeu, c’est celui du contrôle social du corps des femmes », puis précise que son inquiétude concerne « l’ensemble des femmes musulmanes qui sont sous la pression, sous l’emprise grandissante de groupes salafistes [illustrés dans le reportage par les allées du salon annuel tenu au Bourget par l’Union des organisations islamiques de France, UOIF], qui se sont mis en situation de dire aux musulmans de France qui est un bon musulman et qui n’est pas un bon musulman ». Des musulmans, dit-elle, qui ne demanderaient « qu’à vivre dans le respect des lois de la République et même des bénéfices des lois de la République ». Ces tenues révèlent selon elle l’enfermement du corps des femmes ; elle les associe à des restrictions de circulation dans certains espaces publics et ajoute : « Ce que je crois, c’est qu’il faut garantir aux
Franco-musulmans de les protéger et de les soutenir. » À Bourdin qui rétorque que certaines femmes choisissent de se voiler, elle explique alors sans précaution qu’ « il y avait des N… [sic] Américains qui étaient pour l’esclavage[8] ». Elle classe pour finir les femmes qui choisissent de porter le foulard en deux catégories : celles qui ont cédé et les militantes de l’islam politique, décrit comme un projet de société dangereux (comme chez Emmanuel Macron). En somme, ce choix est soit contraint, soit militant.

Ces propos posent problème à plus d’un titre. Non seulement ils tendent vers un négationnisme de l’exploitation esclavagiste des empires en imputant aux esclaves un consentement dans une comparaison plus que scandaleuse avec les femmes qui portent le foulard ; mais ils révèlent également la persistance d’une dénomination appartenant au passé colonial à travers la catégorie « Franco-musulman ». Y apparaissent également les figures des femmes musulmanes qui résistent ou cèdent, conformément à l’argumentaire courant consistant à opposer deux types de femmes musulmanes (comme les femmes iraniennes dont il était question lors du débat public organisé par la délégation sénatoriale des droits des femmes que j’ai décrit plus haut). Il y aurait donc d’un côté la figure acceptable de la musulmane laïque qui représente un modèle d’intégration réussi, conforme à la féminité hégémonique ; et, de l’autre, la figure inassimilable de la musulmane portant un foulard, dangereuse, qui est l’antonyme de la féminité hégémonique selon une vision libérale française.

Selon l’anthropologue Saba Mahmood, le modèle libéral dit « progressiste » empêche de reconnaître des formes d’être et d’agir qui ne se caractérisent pas par un aspect subversif ou une résistance à des normes. Elle propose de « pallier l’incapacité profonde de la pensée féministe actuelle à concevoir des formes d’accomplissement humain dignes d’intérêt en dehors des frontières de l’imaginaire progressiste libéral[9] » et de considérer la capacité d’agir non seulement « dans les actes de résistance aux normes, mais aussi dans les multiples façons dont on habite ces normes », ce qu’elle applique dans Politique de la piété aux femmes qui fréquentent la mosquée du Caire.

Le plaidoyer de Laurence Rossignol sur le contrôle social du corps des femmes n’est pas resté sans réponse. Hawa N’dongo, Zhor Firar, Ismahane Chouder, Jehan Lazrak et moi-même y avons répondu collectivement en tant que féministes et musulmanes dans une tribune intitulée « Pour en finir avec le contrôle politique du corps des femmes[10] » – bien que cette catégorie de féministes (et) musulmanes ne figure pas dans la vision binaire de la ministre ! Nous souhaitions souligner le lien ténu qui existe entre le social et le politique en inversant la hiérarchie des normes sur laquelle s’est appuyée la ministre. Il existe certes un contrôle social, qui agit sur toutes les femmes. Cibler le contrôle social du corps des femmes dans certains quartiers occulte l’existence d’un contrôle politique – celui qui s’exerce à travers les politiques de la nouvelle laïcité et pèse sur le corps des femmes avec bien plus de puissance que n’importe quelle injonction culturelle ou religieuse. Ces politiques ont des effets concrets sur la vie de milliers de femmes musulmanes portant le foulard en France. C’est ce que nous explicitions en écrivant: « Les “femmes voilées” sont ainsi les cibles privilégiées d’un discours islamophobe d’État depuis de nombreuses années. [...] Cette vision essentialisante participe à aggraver le racisme et l’islamophobie dans notre pays. C’est au nom d’un “féminisme” opérant un tri sélectif racialiste et culturaliste que la ministre distribue des bons points aux femmes qui auraient bien compris ce qu’est être libérées et des mauvais points à ces “autres femmes” complètement aliénées, avalisant une seule et unique bonne manière de se libérer[11]. »

Nous y décrivions aussi une autre réalité : non pas l’oppression des salafistes sur la vie notamment de femmes de quartiers populaires et ségrégués, non plus l’interdiction de s’asseoir à une terrasse de café ou de se déplacer librement dans l’espace public, mais l’oppression qui exclut des femmes du marché du travail, des écoles, des lycées, des universités ou des piscines. Cette tribune a tenté de rendre visible ce qui est invisible dans le paradigme actuel : la déshumanisation des femmes musulmanes qui portent un foulard à cause d’un choix jugé négatif, utilisé pour justifier une stigmatisation croissante et une exclusion sociale. Mais ne nous y trompons pas : « l’Autre n’est jamais maltraité en raison de qualités ou de défauts qu’il exhiberait en tant qu’individu ou que groupe ; il est maltraité d’entrée de jeu, au moment même où on commence à le désigner comme “Autre”[12]».

La haine de l’islam précède celle du voile. Pour autant, si cette situation n’est pas nouvelle, depuis les affaires des foulards de Creil en 1989, la répression de l’apparence des « femmes voilées » n’a fait que se durcir et a atteint un degré de violence visible par tous. Pourtant, personne ne s’en offusque – pire, on la défend. L’association du voile à l’islamisme déshumanise celles qui le portent et légitime toutes les répressions exercées dans le cadre d’une guerre à bas bruit, rendant cette violence politiquement acceptable. Les femmes qui portent le foulard ne sont pas victimes, elles sont présumées coupables. Et elles sont ainsi exclues des luttes des femmes. Leur stigmatisation, leur dénomination déshumanisante, autorise des violences verbales et physiques, des discriminations, banalisées et acceptées en vertu d’un certain idéal social. Ainsi, il est courant de dire « elle a été exclue à cause de son voile ». Non ! Elle a été exclue car dans un certain rapport de domination, l’islam est défini comme une hérésie. Si les règles de définition de la société avaient été autres, elle serait une citoyenne comme les autres. Ici, les femmes qui portent un foulard ne sont pas seulement indésirables et illégitimes dans la nation : ce sont des indisciplinées qu’il faut éduquer et convertir. Si elles résistent, elles deviennent dangereuses et sont stigmatisées comme telles : les voilà désormais ennemies musulmanes. Il s’agit de les empêcher de manière « civilisée » d’évoluer dans la société en définissant, dans l’accès à certains espaces et à certaines fonctions, des règles de neutralité religieuse incompatibles avec le port du foulard.

Des lois et des règlements, des discours et des agressions en font, dans le regard de leurs détracteurs, des femmes déchues de leur humanité et de leur féminité. Des hommes et des femmes hégémonistes agissent pour le maintien d’un ordre. Ils et elles définissent ce qui est la norme, « normal », ce qui leur donne la légitimité de juger, de critiquer, d’appeler à sanctionner, de légiférer pour exclure. Mais le différentiel de pouvoir est là : ils et elles ont le pouvoir de nommer, de désigner, d’exclure et de se définir dans le même temps comme les défenseurs d’un progressisme des Lumières, qui serait mis en danger par le choix de certaines femmes de porter un foulard ! Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, a ainsi lui-même déclaré que « le voile n’est pas souhaitable dans notre société » et que ce qu’il « dit sur la condition féminine n’est pas conforme à nos valeurs[13] ».

Ce pouvoir de rappel à l’ordre est diffus : quiconque se sentant du bon côté de l’inégalité se considère légitime à s’en emparer de manière décomplexée. Je pense ici à celles et ceux qui expliquent aux musulmanes que la prescription du hijab n’est pas dans le Coran, ou qui interpellent des femmes dans l’espace public pour les sommer de justifier leur choix[14]. Christine Delphy disait à juste titre : « Les dominé·es sont toujours sur le quivive, ne savent jamais sur quel pied danser dans l’interaction quotidienne ; à quoi s’attendre de la part du prochain dominant qui va croiser leur route, s’il faut se préparer à sourire ou à la grimace ; ne savent jamais quand, ni de qui, viendront l’insulte, le mépris, l’agression.[15] »

Peu à peu, cette construction de la féminité hérétique des musulmanes a fait évoluer les positions et leurs ennemis isolés d’hier se sont alliés contre elles, y compris dans le champ féministe. La cause était trop noble, trop civilisatrice, trop républicaine pour ne pas enterrer les querelles du passé ! L’ennemie musulmane est ainsi devenue l’Autre qu’il faut mater parce que « les autres sont ceux qui sont dans la situation d’être définis comme acceptables ou inacceptables et d’abord d’être nommés[16] ». Que des féministes se soient associées à cette guerre contre des femmes montre, encore une fois, à quel point le genre est fracturé par la race.


[1] www.senat.fr/rap/l21-482/l21-482_mono.html
[2] Loi n° 2004-228 du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000417977
[3] « Ilhem Moussaid, la jeune femme voilée qui ébranle l’identité du NPA », Béatrice Gurrey, Le Monde, 10/02/2010.
[4] Nicolas Hervieu, « Burkini : entretien croisé des professeurs Stéphanie Hennette-Vauchez et Joël Andriantsimbazovina sur la décision du Conseil d’État », La Revue des droits de l’homme [en ligne], Actualités droits-libertés, mis en ligne le 31/08/2016. www.revdh.revues.org/2514
[5] Sam Bourcier, Sexpolitiques. Queer Zones 2, La Fabrique, 2005, p. 41.
[6] Ibid., p. 43.
[7] Hanane Charrihi avec Elisa Brunet, Ma mère patrie, La Martinière (Média-Participations), 2017.
[8] Le site du CSA indique : « Le CSA a été saisi par le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) au sujet d’un propos tenu par Mme Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes le 30 mars 2016 sur RMC et RMC Découverte, alors qu’elle participait à l’émission « Bourdin direct ». Après examen de la séquence, le Conseil a déploré que le journaliste qui menait l’entretien ait manifesté une insuffisance de maîtrise de l’antenne, au regard des articles 2-10 et 2-2-1 des conventions des services concernés.
Le CSA en a fait part aux responsables de ces chaînes et leur a demandé d’éviter à l’avenir qu’une telle situation ne se reproduise. » www.csa.fr/Reguler/Espace-juridique/Les-textes-adoptes-par-l-Arcom/ Les-decisions-du-CSA/Propos-tenus-par-Mme-Laurence-Rossignol- dans-l-emission-Bourdin-direct-du-30-mars-2016-intervention- aupres-de-RMC-et-RMC-Decouverte
[9] Saba Mahmood, Politique de la piété. Le féminisme à l’épreuve du renouveau islamique, La Découverte (Editis), 2009 [2005], p. 230.
[10] Blog Mediapart, 06/04/2016.
[11] Nadia Henni-Moulaï (dir.), Voiles et préjugés, Melting Book, 2016.
[12] Christine Delphy, Classer, dominer. Qui sont les Autres ?, La Fabrique, 2005, p. 20.
[13] « Pour Jean-Michel Blanquer, le voile islamique n’est “pas souhaitable dans la société” », Le Monde, 13/10/2019.
[14] Pour garder la face dans de telles situations, il est possible de s’outiller : je conseille vivement l’ouvrage de Marie Dasylva, Survivre au taf, Daronnes, 2022.
[15] Christine Delphy, Classer, dominer…, op. cit., p. 19.
[16] Ibid.
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