Le 1er avril 2023, une conférence s'est tenue à Lyon, en France, sous le titre "La Syrie et ses alliés en marche vers un monde multipolaire". Elle a été organisée par Egalite et Réconciliation, groupement politique fondé par Alain Soral, un ancien membre du parti de d'extrême-droite française le Front national (rebaptisé en 2018 le Rassemblement national).
Soral a été emprisonné en 2019 pour racisme, antisémitisme et négationnisme. Le groupe de réflexion syncrétique qu'il a fondé, dont la devise est "gauche du travail, droite des valeurs", combine des idées sociales et économiques réputées de gauche avec des valeurs autour de la famille et de la nation traditionnellement associées à la droite. La conférence a réuni des membres de l'extrême droite pour les informer de la situation actuelle en Syrie et remercier le gouvernement de ce pays pour "sa guerre contre le terrorisme".
À première vue, il peut sembler étrange que des fascistes européens se rencontrent pour manifester leur solidarité à l'égard d'un dictateur arabe. Mais en réalité, la guerre du président Bachar el-Assad contre le peuple syrien qui s'est soulevé contre lui fait appel aux sensibilités fascistes du monde entier.
James Alex Fields Jr. avait 20 ans lorsqu'il a foncé avec sa voiture sur la foule à Charlottesville, en Virginie, le 12 août 2017, tuant Heather Heyer, une manifestante antifasciste de 32 ans, et blessant de nombreuses autres personnes. Fields affichait depuis longtemps ses opinions d'extrême droite, tant que les efforts déployés par ses collègues présumés du groupe fasciste Vanguard America pour s'en distancer ne se sont guère révélés convaincants. En cherchant à comprendre les motivations de M. Fields, les nombreux journalistes et autres personnes qui ont consulté son compte Facebook ont été accueillis par une photo d'Assad accompagnée du mot "Undefeated" (invaincu). Ils se sont demandés pourquoi un nationaliste blanc américain célébrait un dirigeant arabe d'un pays majoritairement musulman et ce que cela pouvait signifier pour le mouvement auquel il appartenait.
M. Fields n'est pas le seul militant d'extrême droite à afficher son admiration pour M. Assad. Un certain nombre d'autres participants au rassemblement "Unite the Right" à Charlottesville ont fait montre de sympathies similaires. Un manifestant arborait un T-shirt portant l'inscription "Bashar's Barrel Delivery Co.", en référence aux bombes-barils artisanales qui ont causé la mort de milliers de civils et transformé des villes syriennes entières en décombres. Un autre a déclaré : "Soutenez l'armée arabe syrienne... luttez contre les mondialistes !", ce à quoi le YouTubeur d'extrême droite Baked Alaska a répondu : "Assad n'a rien fait de mal, n'est-ce pas ?".
Les personnalités d'extrême droite qui ont exprimé leur solidarité avec le dictateur syrien se sont manifestées bien avant ce rassemblement. Dès 2005, David Duke, membre du Ku Klux Klan et élu à la chambre des représentants de l'État de Louisiane, s'est rendu à Damas et a déclaré dans un discours diffusé par la télévision d'État syrienne qu'"une partie de mon pays est occupée par les sionistes, tout comme une partie de votre pays, le plateau du Golan, est occupée par les sionistes. Les sionistes contrôlent la plupart des médias américains et contrôlent désormais une grande partie du gouvernement américain". Depuis, le régime d'Assad n'a fait que gagner en popularité auprès de l'extrême droite.
L'adoration d'Assad est en effet très répandue au sein de l'extrême droite contemporaine. Une partie de ce soutien reflète des idées plus communément répandues sur Assad : il est la seule force à combattre efficacement le groupe État islamique, il maintient en quelque sorte la cohésion du pays et de la région ou il protège les chrétiens et d'autres minorités religieuses. C'est sur cette base qu'une organisation non gouvernementale chrétienne d'extrême droite, connue sous le nom de SOS Chrétiens d'Orient, a soutenu le dictateur syrien. Elle fait actuellement l'objet d'une enquête en France, où elle est basée, après que New Lines Magazine a publié un reportage sur ses activités. De nombreux autres groupes, cependant, font preuve de motivations clairement fascistes.
Le 3 mars 2018, Justin Burger, un " major " du Traditionalist Worker Party dans l'État américain de Géorgie, aujourd'hui disparu, et " Rock ", l'un de ses camarades, ont eu une conversation sur le canal Discord #tradworker, divulguée par la suite par Unicorn Riot (un collectif de médias à but non lucratif qui fait des reportages sur les organisations d'extrême droite). Dans cette conversation, Burger s'offusque d'un montage montrant une croix gammée parmi d'autres symboles opposés à Assad :
JUSTIN BURGER : Assad est un baasiste, l'incarnation vivante la plus proche du NATSOC. Cyprian Blamires affirme que "le baasisme pourrait avoir été une variante moyen-orientale du fascisme". Selon lui, le mouvement Baas partageait plusieurs caractéristiques avec les mouvements fascistes européens, telles que "la tentative de synthèse entre un nationalisme radical et illibéral et un socialisme non marxiste, une vision "révolutionnaire" romantique, mythopoétique et élitiste, le désir de créer un "homme nouveau" et de restaurer la grandeur passée, un parti autoritaire centralisé divisé en factions de "droite" et de "gauche" et ainsi de suite ; plusieurs proches collaborateurs ont admis plus tard qu'Aflaq avait été directement inspiré par certains théoriciens fascistes et nazis". ROCK : Pouvons-nous admettre qu'Assad est notre homme ? Ils prêtent même serment en faisant le salut romain, je crois.
L'affirmation de Burger selon laquelle le parti Baas présente une continuité historique avec le national-socialisme contient une part de vérité. L'autoritarisme du régime syrien et le culte de la personnalité autour du président sont à bien des égards en continuité les régimes totalitaires (fascistes et communistes) du XXe siècle. Ces éléments, associés à la forte identité nationaliste du régime syrien, séduisent de nombreux membres de l'extrême droite contemporaine.
Le parti Baas socialiste arabe est arrivé au pouvoir en 1963 à la suite d'un coup d'État militaire. Il a été établi sur le fondement d'une idéologie incorporant des éléments du nationalisme arabe et du socialisme arabe, tous deux traversés d'une résurgence populaire à la suite des décolonisations. Ses premiers idéologues - Michel Aflaq (chrétien), Salah al-Din al-Bitar (musulman sunnite) et Zaki al-Arsuzi (alaouite) - prônaient une renaissance de la culture et des valeurs arabes et l'unification des pays arabes en un seul État dirigé par l'avant-garde révolutionnaire du Baas. La constitution syrienne de 1973 a déclaré que le parti Baas était "le parti dirigeant de la société et de l'État", ce qui indique un niveau de consolidation du pouvoir de l'État sous l'égide du parti qui rappelle le modèle de Vladimir Lénine mais également celui de Benito Mussolini.
Dès le départ, l'idéologie baasiste a cherché à mythifier la "nation arabe", une notion imprégnée d'une vision romantique de la grandeur passée, qui permettrait à la fois de contrer les humiliations infligées par les régimes coloniaux français et britannique et de contribuer à la construction d'une nouvelle identité nationale. Mouvement farouchement laïque à bien des égards, qui s'est attiré le soutien de groupes minoritaires, les baasistes ont néanmoins investi le symbolisme religieux pour le mettre au service des objectifs nationalistes arabes. Ils ont rendu hommage au rôle de l'Islam dans la société arabe, en particulier à sa contribution à la culture, aux valeurs et à la pensée arabes. Le slogan du parti Baas - "Une nation arabe, porteuse d'un message éternel" - a des connotations religieuses évidentes, en particulier le jeu sur le mot "message" (risala), le terme utilisé pour le message révélé au prophète Mohammed, ainsi que le mot "umma", qui est généralement utilisé pour se référer à la communauté musulmane dans son ensemble. Aflaq envisage une sublimation de la religion dans une identité plus moderne et nationaliste : "L'Europe craint l'islam aujourd'hui comme elle l'a fait par le passé. Elle sait que la force de l'islam, qui exprimait autrefois celle des Arabes, renaît et apparaît sous une nouvelle forme : le nationalisme arabe".
Le parti Baas prône une économie socialiste mais rejette la conception marxiste de la lutte des classes. Aflaq pensait que toutes les classes parmi les Arabes étaient unies pour s'opposer à la domination capitaliste des puissances impériales, proposant que les nations elles-mêmes, plutôt que les groupes sociaux à l'intérieur et entre les nations, constituent les véritables sujets de la lutte contre la domination. Dès son arrivée au pouvoir, le parti Baas a conduit une planification économique centralisée basée sur le modèle soviétique. Il a nationalisé les principales industries, s'est engagé dans une vaste modernisation des infrastructures qui a contribué à la construction de l'État-nation, a redistribué les terres au détriment de la classe des propriétaires terriens et a amélioré les conditions de vie dans les zones rurales. Ces politiques populaires ont apporté au parti un certain soutien paysan trans-sectoriel. Dans le même temps, les gauchistes ont été très tôt purgés du parti Baas et, par la suite, toute opposition de gauche a été soit cooptée, soit écrasée. Suivant le modèle corporatiste, les associations indépendantes de travailleurs, d'étudiants et de producteurs ont été réprimées et de nouvelles organisations parapubliques censées représenter leurs intérêts ont vu le jour.
D'origine modeste, Hafez al-Assad est devenu l'État incarné. Il est arrivé au pouvoir en 1970 à la suite d'un coup d'État interne dirigé contre la faction de gauche du parti Baas. Sous son règne, la Syrie est devenue un État policier totalitaire fondé sur le contrôle tripartite du parti, de l'appareil de sécurité et de l'armée, le pouvoir étant toutefois centralisé au niveau de la présidence. Hafez al-Assad régnait ainsi en maître en tant que "Guide éternel" ou "Sanctifié". Son portrait et ses statues décoraient les bâtiments et les places principales des villes et des villages. Des écoles aux événements nationaux, des rituels publics soigneusement chorégraphiés étaient mis en oeuvre pour renforcer le culte du président et imposer la disciplinarisation et la soumission de la population, sans jamais avoir besoin de gagner les pensées ou les convictions privées des individus.
Dans un article publié dans SyriaUntold, Rahaf Aldoughli, maître de conférences en études du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord à l'université de Lancaster, affirme que le nationalisme et le "culte du baathisme" ont conduit à l'endoctrinement du citoyen syrien dès son plus jeune âge et sont allés de pair avec la normalisation du militarisme, renforçant à la fois la masculinité et la puissance physique en tant que marqueurs-clés de l'identité et fondant l'image de l'homme arabe héroïque en tant que citoyen idéal. Les écoliers - garçons et filles, sans exception - étaient soumis à la conscription obligatoire dans deux organisations affiliées au Baath : l'Organisation des avant-gardes du Baath (à l'école primaire) et l'Union de la jeunesse révolutionnaire (à l'école secondairaire). Aldoughli affirme que ces "deux organisations mobilisent les enfants par le biais d'un entraînement forcé et de l'adhésion à des structures paramilitaires qui perpétuent les idéaux du militarisme masculiniste, en les conceptualisant comme des expressions de la nation". Lors des marches de masse forcées, les écoliers apprenaient à chanter : "Avec notre sang et notre âme, nous nous sacrifions pour toi, Hafez". Aujourd'hui, le même slogan est scandé pour soutenir son fils.
Dans la Syrie d'Hafez al-Assad, toute expression politique et toute opposition ont été sévèrement réprimées, au point que le pays est devenu, selon les termes du dissident de gauche Riad al-Turk, "un royaume du silence". Le système pénitentiaire et l'ensemble de l'appareil de sécurité ont constitué le principal moyen de contrôle social, perpétuant la peur et punissant sévèrement toute transgression. La violence infligée aux opposants politiques par le système d'incarcération est décrite avec force dans les mémoires de prison comme "The Shell" de Mustafa Khalifa - une description obsédante de souffrances physiques et émotionnelles inimaginables - et dans les récits du poète Faraj Bayrakdar et du dissident de gauche Yassin al-Haj Saleh. Pour les prisonniers politiques, la torture était une caractéristique essentielle de la détention. En 2017, il est apparu que les dirigeants syriens avaient acquis certaines de leurs techniques d'interrogatoire et de torture auprès de l'ancien commandant de la Schutzstaffel (SS), Alois Brunner, l'homme décrit par Adolf Eichmann comme un jalon essentiel de la Solution finale. Ce criminel de guerre nazi a trouvé refuge auprès du régime Assad et est mort à Damas en 2001. L'armée a fait preuve d'une brutalité sans bornes pour écraser les soulèvements populaires contre les baasistes en 1963, 1964, 1965, 1967, 1980 et 1982, le point culminant étant le massacre de Hama, où entre 20 000 et 40 000 citoyens ont été tués et où une grande partie de la vieille ville a été rasée par l'armée de l'air.
Lorsque Bachar el-Assad a hérité de la dictature de son père en 2000, les quelques changements étaient cosmétiques et rhétoriques. La détention arbitraire, la torture et les exécutions sommaires de dissidents se sont poursuivies, tandis que les prisons étaient remplies de gauchistes, de communistes, de manifestants de l'opposition kurde, de membres des Frères musulmans et de militants des droits de l'homme. La situation économique s'est aggravée en raison de la néolibéralisation croissante de l'économie, qui a aggravé à la concentration des richesses entre les mains d'une classe fondée sur le capitalisme de connivence, c'est-à-dire des personnes loyales ou liées au président - une caractéristique déjà importante du régime de son père.
Par exemple, le cousin maternel d'Assad, Rami Makhlouf, était connu pour avoir exercé un contrôle substantiel sur l'économie syrienne pendant de nombreuses années par le biais de de vastes entreprises commerciales, constituant notamment des monopoles dans les domaines de la téléphonie mobile, du tourisme, de l'immobilier, de la banque et de la construction. Pendant ce temps, les Syriens ordinaires s'appauvrissaient de plus en plus à mesure que les subventions et les aides sociales étaient rabotées et que le taux de chômage montait en flèche, en particulier chez les jeunes. C'est à la fois la répression politique et cette situation socio-économique désespérée qui ont conduit au soulèvement de 2011, lequel s'est produit dans le contexte d'une vague révolutionnaire transnationale balayant l'ensemble de la région.
La réponse d'Assad au soulèvement a été de mener ce que les Nations unies ont appelé une politique d'État d'"extermination" contre ceux qui réclamaient la démocratie et la dignité. Depuis 2011, les Syriens ont été bombardés, gazés, violés, affamés, torturés et chassés de chez eux. Selon une estimation de l'ONU, quelque 400 000 personnes ont été tuées en 2016, et beaucoup d'autres seront mortes depuis, compte tenu de l'ampleur de la violence à l'oeuvre. Des dizaines de milliers de personnes ont été emprisonnées, subissant les formes de torture les plus sadiques, pratiquées à une échelle industrielle. Plus de la moitié des Syriens ne vivent plus chez eux, après avoir fui les bombes-barils, les massacres chimiques et les sièges de famine menés par le régime avec l'aide de ses alliés, la Russie et l'Iran. C'est là que réside l'attrait principal de l'extrême droite internationale : un homme fort autoritaire prêt à déchaîner la violence à une échelle inimaginable pour écraser la dissidence populaire, parvenant à éviter de rendre des comptes.
S'il est une caractéristique qui distingue le fascisme historique des autres idéologies politiques, c'est bien l'adoption explicite de la violence de masse comme moyen d'atteindre des objectifs politiques, en particulier la mise en œuvre systématique du meurtre de masse des populations internes. Bien que les régimes capitalistes et communistes aient à plusieurs reprises utilisé le meurtre de masse comme outil politique, le fascisme a été le seul à se définir idéologiquement par son recours à la violence de masse interne, voire même à faire comme une fin en soi. Comme l'explique Robert Paxton, spécialiste du fascisme, dans son livre "The Anatomy of Fascism" (2004) :
"La légitimation de la violence contre un ennemi intérieur diabolisé nous rapproche du cœur du fascisme. ... Le génie du fascisme a été de parier que de nombreux bourgeois ordinaires(ou même la grande bourgeoisie) tireraient une certaine jouissance par procuration d'une violence soigneusement sélective, dirigée uniquement contre les "terroristes" et les "ennemis du peuple"."
Alors que les partisans de Josef Staline ont longtemps nié ses campagnes de massacres, les partisans d'Adolf Hitler ont été plus enclins à considérer leur histoire de violence de masse comme justifiée et emblématique de leurs croyances.
L'ampleur de la violence en Syrie est sidérante, même selon les normes lamentables de notre époque : le nombre de victimes dépasse largement le demi-million. Selon le Réseau syrien pour les droits de l'homme, 93 % des civils tués dans le conflit l'ont été par les forces du régime. La grande majorité de ces morts est due au bombardement intensif, pendant des années, de quartiers résidentiels exigus, à des sièges et aux famines en découlant et au ciblage d'écoles, d'infrastructures médicales et d'autres infrastructures de survie. Cependant, une proportion notable a été causée par la mise en œuvre à grande échelle de la torture dans le vaste réseau d'incarcération de la Syrie. Bien que de nombreux partisans d'Assad tentent de nier ou de minimiser ces crimes contre l'humanité, c'est précisément cette cruauté qui séduit une grande partie de l'extrême droite et qui est probablement à l'origine d'une grande partie du soutien qui lui est apporté.
Dans son livre "Syrian Revolution : Between the Politics of Life and the Geopolitics of Death" (2020), le sociologue Yasser Munif décrit comment le régime Assad a instrumentalisé la violence au point de créer un système de gouvernance radicalement neuf. Munif s'appuie sur la notion de "nécropolitique" d'Achille Mbembe, qui "opère en déployant son pouvoir létal et en décidant de qui peut vivre et qui doit mourir". Cependant, selon Munif, le concept de nécropolitique (que Mbembe appliquait aux pratiques de violence postcoloniale) se concentre trop sur la violence diffuse, souvent non étatique, utilisée pour exploiter et asservir, ce qui, selon lui, ne résume pas la situation syrienne. Munif introduit la catégorie de "thanatocratie" comme un sous-ensemble de la nécropolitique, qui émane principalement d'un État ou d'une puissance souveraine cherchant à préserver son pouvoir, et qui s'attache davantage à l'extermination de ceux qui menacent la survie de l'ordre despotique qu'à l'exploitation économique. Le régime d'Assad est, selon cette définition, exemplaire, et sa pratique meurtrière visant à préserver avec succès son pouvoir ftout au long du conflit syrien a fondé un public mondial avide de la politique de thanatocratie. En outre, la nature asymétrique de la thanatocratie d'Assad satisfait les fantasmes fascistes d'un pouvoir étatique intégral, comme dans son "contrôle absolu du pouvoir vertical... Leurs forces aériennes peuvent frapper n'importe quelle cible n'importe où en Syrie et causer une mort immédiate".
Un autre facteur d'attrait pour l'extrême droite internationale pourrait résider dans la diabolisation réussie par Assad de ses opposants comme étant "l'autre", qu'il s'agisse d'agents étrangers ou de terroristes islamistes, afin de légitimer leur liquidation aux yeux de ses partisans. Dès les premiers jours du soulèvement, le régime a tenté de présenter un mouvement de protestation populaire et diversifié, réclamant la démocratie et la justice sociale, comme une conspiration contre la Syrie, dirigée par des pays étrangers et des extrémistes religieux qui s'efforçaient de saper la stabilité du pays. Selon M. Duke, "Assad est un héros des temps modernes qui se dresse contre des forces démoniaques cherchant à détruire son peuple et sa nation". Un message posté sur le site suprémaciste blanc Stormfront confirme la rhétorique d'Assad selon laquelle le soulèvement n'est qu'une conspiration fondamentaliste islamique parrainée par des intérêts étatiques étrangers, quelles que soient ses prétentions libératrices : "Al-Assad a fait du bon travail en écartant les extrémistes musulmans. Le soulèvement actuel est orchestré par l'extrémisme musulman et déguisé en 'lutte pour la liberté et la démocratie', financé par la racaille d'Arabie saoudite".
Ironiquement, Assad lui-même est au moins en partie responsable de la montée de l'extrémisme islamiste utilisé pour écarter ses opposants, et pas seulement en raison du chaos et du traumatisme qu'il a déclenchés dans le pays, qui ont constitué un terreau fertile pour l'essor de l'extrémisme. Alors que le régime emprisonnait des milliers de manifestants pro-démocratie en vue d'une mort probable sous la torture, il a libéré de nombreux extrémistes islamistes, dont beaucoup étaient d'anciens saboteurs parrainés par l'État syrien et envoyés en Irak par Assad au début et au milieu des années 2000 pour participer à la lutte contre l'occupation américaine du pays. Après leur libération, ils ont fondé certains des groupes militants les plus durs, qui ont fini par dominer le champ de bataille révolutionnaire. Assad espérait que le spectre de l'extrémisme islamiste effraierait les communautés minoritaires syriennes et les inciterait à la loyauté, tout en réduisant au silence l'opposition de l'Occident à sa contre-révolution que le régime considère désormais comme faisant partie de la "guerre contre la terreur", un terme qu'Assad tentait de s'approprier depuis que l'administration Bush l'avait introduit à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Cette stratégie a connu un succès considérable.
Comme l'affirme al-Haj Saleh, la priorité mondiale accordée par les États-Unis à la guerre contre la terreur et à la "sécurisation de la politique" s'est avérée très utile pour le régime syrien dans sa guerre contre-révolutionnaire. Il affirme que cette "priorité accordée au terrorisme n'est pas seulement fonction de la menace réelle qu'il représente pour la sécurité, mais aussi de son utilité pour consolider le système en place, et même pour unir les rangs derrière ses élites dirigeantes en faisant face à une menace sans forme". Elle sert également à mobiliser le public contre "l'ennemi terroriste", qui est assimilé à l'islam, tant en Syrie que dans le reste du monde. Cet "effet génocratique combiné de la sécurisation de la politique et de l'islamisation du terrorisme" rend les dirigeants occidentaux "susceptibles de coopérer avec, ou au moins de tolérer, les régimes génocidaires qui assassinent exclusivement leurs sujets musulmans". La violence d'État est considérée comme l'antidote à tout ce qui est qualifié de terrorisme islamique, qu'il soit réel ou imaginaire, conférant une légitimité à l'État existant et "ouvrant la voie au génocide", tandis que "par contraste, toute résistance à la tyrannie ou à ces États génocidaires est reléguée au rang d'illégitimité". Cette légitimation de la violence étatique contre toute dissidence ou résistance constitue un précédent idéal pour les politiques fascistes, même dans des contextes très différents.
L'extrême droite, profondément islamophobe, a certainement adopté le discours de la guerre contre la terreur et son ouverture conciliante à la violence de masse contre les musulmans. Le fait qu'Assad soit lui-même musulman (du courant alaouite, une ramification de l'islam chiite) n'est qu'occasionnellement une cause de consternation passagère. Par exemple, "Flaxxer" (sur le canal Traditionalist Worker Discord) explique, en utilisant un argot désobligeant, que "les chiites sont typiquement moins Muzzie. Assad est un chiite". D'autres préfèrent envisager Assad comme un dirigeant laïc luttant contre les extrémistes islamiques qui représentent une menace pour le monde chrétien (blanc). Comme l'a affirmé dans une interview l'utilisateur d'extrême droite de Twitter @iWillRedPillYou (compte suspendu au moment de la rédaction), "sans Assad, les musulmans conquerraient et décimeraient probablement les chrétiens restants". Les affiliations raciales et religieuses d'Assad importent moins que sa la déshumanisation raciale qu'il met en oeuvre pour justifier du meurtre ; cette politique lui permet d'apparaitre effectivement blanc aux yeux de ses partisans fascistes occidentaux.
On peut affirmer que, dans le fascisme, les individus cherchent à atteindre la "liberté" par identification intégrale à un État dont l'exercice de la violence n'est pas entravé. L'État syrien, même avant sa répression du soulèvement, a été exemplaire à cet égard. Un blogueur du nom de Jules Etjim explique le rôle constitutif pour la formation de l'État baathiste de la transgression représentée dans l'usage généralisé de la torture dans les années 1970 et au début des années 1980. Non seulement les opposants potentiels étaient terrifiés jusqu'à la soumission, mais les sujets complices étaient invités à une sorte de liberté par l'État en s'identifiant à cette transgression des "conventions sociales établies de longue date" :
"La "leçon" de la torture était destinée à être intériorisée par tout le monde, y compris par le tortionnaire transformé en instrument volontaire de "l'État tortionnaire". Le passage à la torture exterminatrice - dans nos termes, le passage à la thanatocratie - faisait partie d'un continuum génocidaire qui révélait que l'État avait obtenu la "liberté absolue" d'outrepasser les normes et les conventions collectives sans aucune limite normative ou éthique autre que la limite pratique."
Cette "liberté absolue" de l'État, réalisée en transcendant toutes les conventions normatives et éthiques, représente une réalisation fantasmatique sans précédent pour ceux qui identifient leurs propres désirs à l'exercice de la violence étatique.
L'application intentionnelle, instrumentale et systématique de la violence extrême est au cœur de notre mémoire culturelle du fascisme et du nazisme en particulier. Cette mémoire trouve dans l'État d'Assad une voie de rajeunissement qui fait froid dans le dos. Munif rapporte le récit d'un ancien prisonnier, qui "explique que chaque prison est tenue de livrer, chaque semaine, un nombre spécifique de cadavres. Si, une semaine donnée, la direction n'atteint pas le nombre requis de prisonniers morts, certains individus sont sélectionnés pour recevoir une injection d'air dans leurs artères et meurent rapidement". Bien que ces pratiques cruelles puissent sembler arbitraires, l'ensemble de la violence sert directement à consolider et à reproduire l'État thanatocratique. "Le spectre de la violence commence par la peur d'être arrêté arbitrairement et soumis à la torture. Il comprend les sièges et la famine qui s'ensuit. Il comprend les différentes façons dont les Syriens sont torturés et tués sans discernement. Dans de nombreux cas, la torture n'est pas pratiquée pour obtenir des informations, mais plutôt pour actualiser le pouvoir de l'État", écrit M. Munif dans "La révolution syrienne". Cette systématicité est souvent utilisée à dessein pour façonner l'imaginaire collectif, rendant les alternatives sociales impensables, par exemple en écrasant les zones où l'auto-organisation autonome (par la mise en place de conseils locaux et de réseaux indépendants de la société civile) est la plus forte. Selon Munif :
"Il existe souvent une forte corrélation entre la capacité d'un quartier ou d'un village à développer une politique de base réussie et le niveau de punition qu'il reçoit. Plus les habitants sont capables de mener une politique autonome, plus ils sont perçus comme une menace pour le pouvoir souverain et, par conséquent, sanctionnés."
En recourant à des moyens aussi impitoyables pour écraser toute alternative et se maintenir au pouvoir, le régime syrien a également fourni à l'extrême droite américaine un précédent prometteur. Justifiant sa violence systémique de masse en s'appropriant le discours américain de la guerre contre la terreur, le régime Assad a réussi, pour l'essentiel, à détourner les critiques sérieuses et a montré que des pratiques systématiques de thanatocratie peuvent être mises en œuvre de nos jours dans une relative impunité. Il n'est pas étonnant que ceux qui veulent instaurer de telles pratiques y trouvent un exemple encourageant.
Tous les partisans actuels de la politique d'extrême droite n'embrassent pas ouvertement la violence meurtrière. L'alt-right, en tant que mouvement, s'est constituée en adoptant un vernis de respectabilité, notamment en désavouant les néo-nazis arborant des croix gammées et la violence de masse qu'ils prônent ouvertement. Cependant, il est possible de reconnaitre que l'activiste de l'alt-right Richard Spencer parle de "nettoyage ethnique pacifique", il fait usage à dessein d'un oxymore, sans être trompé par sa coupe de cheveux de hipster et son costume sur mesure. Pourtant, si de nombreuses personnes ne peuvent encore reconnaître les nazis que lorsque ceux-ci adoptent les atours de boneheads criant "Sieg Heil" du haut de leurs cous tremblants et chargés de 1488 tatouages, cela suggère par contraposée que des jeunes hommes et femmes polis, soignés et s'exprimant clairement ne peuvent pas avoir de croyances fascistes.
La politique de respectabilité au sein de l'extrême droite américaine n'a pourtant pas commencé avec Spencer et l'alt-right. En 1989, le chef des Chevaliers du Ku Klux Klan (KKK, ou simplement "Klan"), M. Duke, a obtenu un siège à la législature de l'État de Louisiane en laissant ses croix gammées et ses robes du Klan au tiroir. Fraîchement sorti de prison pour fraude fiscale, Duke a organisé en 2004 une réunion autour du "Protocole de la Nouvelle-Orléans", auquel ont adhéré un certain nombre d'éminents dirigeants d'extrême droite et qui consiste à respecter les trois points suivants : "1) Tolérance zéro pour la violence. 2) Comportement honorable et éthique dans les relations avec les autres groupes signataires. ... 3) Maintenir un ton courtois dans nos arguments et nos apparitions publiques". En minimisant les conséquences violentes inévitables de la politique fasciste, l'extrême droite présente un visage plus acceptable au grand public, niant la violence tout en normalisant le discours qui l'inspire.
Assad présente un modèle d'émulation remarquablement réussi pour les mouvements qui cherchent à déplacer la "fenêtre d'Overton" et à introduire la politique de cruauté comme une option raisonnable dans le discours dominant. Selon Yassin al-Haj Saleh, les Syriens qui luttent pour leur libération et leur survie sont obligés de se battre simultanément contre deux formes de fascisme : "Contre les fascistes assadistes à cravate et contre les fascistes islamistes à longue barbe". Les fascistes à cravate ont gagné beaucoup plus de sympathie en Occident parce qu'ils semblent contenir les fascistes à barbe - même si le régime est en fait responsable d'une violence et d'une destruction massives bien plus importantes, sans parler de la culture et de l'encouragement d'un grand nombre des terroristes islamistes qu'il est censé combattre. Spencer, enthousiasmé par la présentabilité d'Assad en cravate, note qu'il a été éduqué en Occident et qu'il propose "une variante civilisée de l'islam. Son épouse est également une femme très belle et sophistiquée". La mention par Spencer de l'épouse d'Assad, Asma al-Assad, est révélatrice. Ancienne conseillère en services financiers, diplômée en informatique, née et élevée à Londres, elle a fait l'objet d'un article dans le magazine Vogue intitulé "Une rose dans le désert". Comme le note Spencer, elle constitue un exemple prometteur pour tous ceux qui espèrent rendre la politique meurtrière respectable.
En février 2013, lors d'une marche de soutien au régime d'Assad à Sacramento, en Californie, l'un des participants, le leader français d'extrême droite Serge Ayoub, s'est vu demander pourquoi il était pro-Assad. Il a répondu :
"Bien sûr, il est de notre devoir de soutenir leur cause ! La Syrie est une nation, une patrie, un pays socialiste avec une souveraineté nationale. Ils se battent pour la laïcité et ils sont soumis à une attaque de l'Amérique impérialiste, de la mondialisation et de ses serviteurs salafistes et mercenaires qataris et saoudiens. Le but est de détruire l'État."
À première vue, l'analyse d'Ayoub peut sembler peu caractéristique du discours fasciste et plus typique de son opposé politique. Les gauchistes ne sont-ils pas généralement ceux qui protestent contre "une attaque de l'Amérique impérialiste" contre "un pays socialiste" ?
Pourtant, les objections à l'"impérialisme occidental" n'ont jamais été l'apanage de la gauche radicale. Historiquement, et jusqu'à aujourd'hui, l'opposition de l'extrême droite au "mondialisme" et aux "politiques impériales" a été fondamentale, servant souvent à séparer l'extrême droite des conservateurs mieux établis socialement. Il est important de rappeler que la plus grande organisation pro-fasciste de l'histoire des États-Unis, le Comité "America First" qui comptait près d'un million de membres, existait dans le seul but de s'opposer à l'intervention militaire américaine pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme le porte-parole d'America First et célèbre aviateur Charles Lindbergh l'a clairement indiqué à l'époque, l'extrême droite peut avoir ses propres raisons de s'opposer à "l'Empire" :
"Il est temps de nous détourner de nos querelles et de reconstruire nos remparts blancs. Cette alliance avec des races étrangères ne signifie rien d'autre que la mort pour nous. C'est à notre tour de protéger notre héritage des Mongols, des Perses et des Maures, avant que nous ne soyons engloutis dans une mer étrangère sans limites."
Lindbergh a ensuite accusé le contrôle juif des médias et du gouvernement d'être à l'origine de l'intervention des États-Unis lors de la Seconde Guerre mondiale.
La croyance erronée selon laquelle toute opposition aux politiques impériales est en quelque sorte de gauche conduit à penser que tout discours de droite sur l'"anti-impérialisme" n'est qu'un stratagème insincère destiné à infiltrer les espaces et les discours de gauche. Toutefois, cette lecture ne rend pas compte de l'ensemble de la situation. Même si l'extrême droite s'inspire parfois de l'extrême gauche pour affermir sa rhétorique et ses rangs, la critique et l'opposition à l'impérialisme en tant que tel ont une longue - et authentique - histoire au sein de l'extrême droite. Comme le dit Matthew N. Lyons dans son livre "Insurgent Supremacists : The U.S. Far Right's Challenge to State and Empire" (2018) :
"L'anti-impérialisme d'extrême droite ne correspond pas aux hypothèses de la vieille école gauchiste selon lesquelles l'opposition à l'Empire est intrinsèquement libératrice ou progressiste, que les partisans de l'extrême droite promeuvent toujours l'expansionnisme militaire ou que les fascistes sont fondamentalement des outils de la classe dirigeante. Ces hypothèses n'étaient pas vraies dans les années 1930 ou 1960, et elles ne le sont certainement pas aujourd'hui. Comme l'ont clairement montré les attentats du 11 septembre 2001, certains des opposants les plus engagés et les plus importants à la puissance mondiale des États-Unis se trouvent à l'extrême droite."
Les fascistes critiquent vivement depuis longtemps les entreprises militaires impérialistes en tant qu'elles sont entreprises impérialistes. Lorsque les fascistes sont arrivés au pouvoir en Italie et en Allemagne, ces États n'existaient en tant que depuis quelques décennies et leur puissance impériale avait été de courte durée et limitée par rapport à celle de l'Espagne, de la France ou de la Grande-Bretagne, par exemple. Alors qu'ils tentaient de rattraper leurs propres projets coloniaux, ils se sont empressés de qualifier leur colonialisme d'"anti-impérialiste". Enrico Corradini, l'auteur de l'approche géopolitique fasciste qui constituait le fondement de la politique étrangère de Mussolini, a emprunté aux théories de classe de la gauche et les a adaptées à l'ultranationalisme fasciste : "La lutte des classes", a déclaré Corradini, "était assez réelle, mais elle opposait non pas les travailleurs aux capitalistes à l'intérieur de la nation, mais les nations prolétaires pauvres aux riches nations ploutocratiques sur le plan international". La formulation est remarquablement similaire à la maxime de Lénine selon laquelle "sous l'impérialisme, la division des nations en oppresseurs et opprimés est un fait fondamental, le plus important et le plus inévitable". Cependant, alors que Lénine plaidait clairement pour que les pays colonisés et économiquement exploités déterminent leur propre destin contre les usages colonisateurs et exploitateurs des Empires, une idée qui elle-même n'a jamais supplanté la lutte des classes, Corradini défendait le "droit" des nations européennes moins développées à leur propre pillage des nations non européennes - en particulier le "droit" de l'Italie à piller la Libye et l'Éthiopie - et que de telles priorités nationales supplantaient les conflits sociaux internes. Cette interprétation de la "lutte des classes" en termes nationalistes et géopolitiques, avec toutes ses ambiguïtés, est devenue l'un des fondements du baasisme.
L'admiration mutuelle entre Assad et l'extrême droite occidentale était peut-être inévitable. Après tout, au sein du parti nazi des années 1930, Gregor et Otto Strasser ont proposé de s'unir à l'URSS contre la Grande-Bretagne et la France impériales, et le parti a ensuite travaillé avec les mouvements d'indépendance indiens et arabes pour saper la domination britannique impériale. Après la Seconde Guerre mondiale, Johann von Leers, qui avait travaillé au ministère de la propagande nazie de Joseph Goebbels, s'est installé en Égypte avec des milliers d'autres membres du parti nazi. En 1958, il écrit : "Une chose est claire : de plus en plus d'Allemands patriotes se joignent à la grande révolution arabe contre l'impérialisme bestial. ... Notre place en tant que nation opprimée sous l'exécrable gouvernement colonialiste occidental de Bonn doit être du côté de la révolte nationaliste arabe contre l'Occident". Le fasciste américain Francis Parker Yockey a estimé que, dans le contexte de la guerre froide, les États-Unis étaient devenus le principal adversaire du mouvement fasciste et a préconisé que les fascistes s'associent à l'URSS et aux mouvements de libération du Tiers-monde comme moyen le plus efficace de lutter contre la puissance américaine. En Italie, les membres du mouvement fasciste Troisième Position prônaient également la lutte simultanée contre le capitalisme et le communisme, appelant même à une alliance avec l'extrême-gauche. N'oublions pas non plus les partisans britanniques de Troisième Position, qui soutenaient le dictateur libyen Moammar Kadhafi, la République islamique d'Iran et la Nation of Islam de Louis Farrakhan. Ce que nous voyons aujourd'hui n'est que la continuation d'une longue et profonde tradition d'extrême droite et de fascisme, quels que soient la géographie ou les spécificités ethno-raciales.